Il est avant tout essentiel de comprendre que si votre oiseau opte pour un comportement, c'est qu'il a ses raisons. Toute action a une explication.
On entend souvent dire à tord "il m'a mordu sans raison", alors que pour l'oiseau, la morsure à une signification, déclenchée par un ou plusieurs facteurs. C'est pour l'humain qu'elle
n'a pas de signification, en dehors de la douleur, parce qu'il ne comprend pas le comportement agressif de son oiseau. Nous allons voir ensemble comment vous permettre de mieux comprendre votre
oiseau, ses comportements déplaisants, afin de mettre en place des solutions, pour ne plus être confronté à ces comportements.
Le premier réflexe que vous devrez apprendre à avoir, c'est observer objectivement votre oiseau et ses comportements, dans leur contexte. Vous allez ainsi pouvoir examiner et
comprendre la communication non verbale de votre oiseau : celle de son corps, qui représente presque 78% de la communication globale de votre oiseau. Il communique ses besoins et états émotifs à
hauteur de 7 ou 8% seulement par le mode verbal, et environ 15% par le mode para-verbal. La communication non verbale est donc prédominante, d'où la nécessité d'observer votre oiseau.
Le second réflexe sera de considérer le contexte et les antécédents dans lequel se produit le comportement déplaisant, soit les circonstances qui encadrent
l'acte d'agressivité. En cachant que les antécédants responsables peuvent être à très court terme comme à moyen et long terme, selon le problème. Regarder un comportement sans réfléchir sur les
causes qui ont pu déclencher l'action n'a pas d'intérêt. Il faut impérativement que vous puissiez cerner les causes potentielles au comportement déplaisant. Puisqu'il y a toujours une raison pour
l'oiseau, pour vous cela signifie qu'il a des causes possibles. Elles sont souvent multifactorielles : le cadre de vie captif et restrictif qui peut devenir anxiogène pour l'oiseau, la méthode
d'élevage (la dyssocialisation primaire chez les oiseaux élevés à la main, en l'absence de congénères de son espèce), les contraintes néfastes de la captivité (comme la coupe des ailes,
l'exclusion, les inhibitions des comportements naturels comme le comportement sexuel ou les cris, le non respect de ses besoins), la liste n'est pas exhaustive.
En outre, comprendre les codes de communication para-verbale et non-verbale (Notre article sur Les comportements et codes de communication chez les perruches et perroquets) de votre perruche
ou perroquet va vous permettre de mieux comprendre l'état d'esprit dans lequel se trouve votre oiseau et ce qu'il souhaite lui, dans une situation donnée, ou une situation que vous lui imposez.
Par exemple, quand vous devez partir et vous souhaitez faire rentrer en cage votre oiseau, lui peut ne pas vouloir rentrer. Ainsi, à votre approche, quand vous approchez votre main pour le faire
se percher et le transporter, il vous mord. Si vous aviez su interpréter son comportement verbal et non verbal, vous auriez surement pu éviter cette morsure, parce que son comportement vous
l'indiquait : une dilatation des pupilles, des grognements, un plumage gonflé autour du cou, un amincissement du corps, le regard d'un seul œil, des claquements de bec, les pattes fixées au
perchoir et le regard fixé sur vous ou votre main.
Après avoir appris à observer votre oiseau, à faire le lien entre le contexte et ses réactions, et à comprendre ses codes de communication, vous êtes prêt pour modifier les comportements
agressifs ou déplaisants de votre oiseau avec la méthodologie ABC et le le renforcement positif.
Il va être indispensable, face aux comportements d'agression, de savoir exposer les antécédents du comportement, décrire le comportement lui-même dans sa globalité (non pas seulement la morsure,
mais tous les signes avant-coureurs décrits ci-dessus), et analyser les conséquences. Pour cela, nous pouvons appliquer la méthode ABC (Antécédents, Behavior
[comportement], et Conséquences) du comportement (par le Dr. Susan Friedman) en 6 étapes :
Nous allons utiliser un cas concret factice pour que vous compreniez pleinement la méthodologie. La situation : Fifi, ma perruche
ondulée, perché sur son parc, m'a mordu quand j'ai voulu la transporter pour la ramener à sa cage
1. Décrire le comportement globale observé : Fifi à son plumage qui se gonfle, semble s'agripper fortement au perchoir, me regarde d'un œil, et fixe
ma main. Si je continue d'approcher la main, je serai fortement pincé.
2. Exposer les antécédents : je m'approche du parc et de Fifi, je l'appelle doucement, je tend le bras, je met ma main devant elle et je lui dis
"monte sur ma main".
3. Décrire les conséquences immédiates : je me fait pincer douloureusement, je retire aussi tôt la main et je m'en vais. Fifi reste libre sur son
parc.
4. Examiner les antécédents, le comportement et ses conséquences : je m'approche du parc et de Fifi, je l'appelle doucement, je tend le bras, je met
ma main devant elle et je lui dis "monte sur ma main". Fifi à son plumage qui se gonfle, semble s'agripper fortement au perchoir, me regarde d'un œil, et fixe ma main. Si j'insiste, je me fais
pincer douloureusement, je retire aussi tôt la main et je m'en vais. Fifi reste libre sur son parc.
Ce qu'il faut comprendre à ce stade, c'est que mon oiseau n'a pas été agressif gratuitement. Il a au préalable communiqué son désir de non-agression et son refus d'être pris contre son gré et
transporté dans la cage. Sa communication non verbale aurait été claire et efficace si j'avais su la comprendre et m'y adapter dès la première fois. En forçant à m'avancer vers elle et à mettre
ma main en face, malgré son comportement, je l'obligeais à opter pour un autre mode de communication plus efficace. En outre, après la morsure, en retirant ma main et en partant, je renforçais
l'efficacité de ce mode de communication, et diminuait l'intérêt d'utiliser les signes corporels qui m'avertissaient de ce risque de morsure.
5. Essayer et mettre en place de nouveaux antécédents et/ou conséquences : finalement, plutôt que de la forcer à rentrer et risquer la morsure, je me
retire quand j'observe que son comportement dénote un rejet, ou un risque de morsure. Je lui dis "monte sur la main", cependant si elle semble s'y refuser, il est inutile d'insister, je
me retire doucement. En faisant cela, je renforce sa communication non-verbale et j'évite de l'obliger de mordre. Il est compréhensible qu'un oiseau libre, avec des jouets, des matériaux à
détruire et la possibilité de voler, n'est pas envie de se faire enfermer dans sa cage. Il faudra songer à la rendre attractive et attrayante, et ne pas l'assimiler à une chose déplaisante
("emprisonnement", ennui).
Ensuite, il va être indispensable de mettre en place le le
renforcement positif pour faciliter l'entrée en cage. Comme nous avons des contraintes (travail, courses, visites) nous devons pouvoir partir rapidement et mettre ses oiseaux en sécurité
efficacement. Il faudra apprendre à Fifi à rentrer systématiquement en cage quand c'est nécessaire, et songer à la récompenser pour renforcer son bon comportement (friandise, félicitations,
affection). Ainsi, l'entrée de cage deviendra systématique, et la commande sera enfin efficace.
Enfin, comme les oiseaux aiment pouvoir anticiper sur les actions qui leur sont imposés, il sera pertinent d'instaurer des notions de temps comme par exemple "je reviens de suite" (absence de
quelques minutes), "je vais faire une course" (absence d'une une ou deux), je reviens ce soir" (absence de journée). Cela va lui permettre de comprendre votre départ, sans angoisser, et s'occuper
à ses activités en attendant.
6. Évaluer le résultat : l'entrée en cage n'a plus été assimilé comme une contrainte (grâce au renforcement positif et aux récompenses gagnées) et
comme une perte de possibilité d'exploration ou de jeux (parce que la cage comporte tout ce qu'il faut pour occuper l'oiseau la journée en mon absence). De plus, je ne la forçais jamais et
j'acceptais de me retirer quand elle semblait refuser (signes corporels). Ainsi, avec le temps, quand je lui faisais la commande de rentrer en cage, elle s'est mise à accepter de plus en plus,
pour finalement accepter systématiquement. Cela a été possible grâce au respect que j'ai porté à son mode de communication (et à ce qu'il signifiait), allié au renforcement positif pour que la
commande soit efficace, ainsi, mon oiseau offre sa confiance.
Sources :
"The parrot problem solver : finding solutions to aggressive behavior", par Barbara Heidenreich
Centre Aviaire de Johanne Vaillancourt, et sa conférence de Juin 2011 en France
ABC du comportement par Susan Friedman
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