La taille des plumes des ailes ou coupe des plumes est une pratique assez ancienne qui est utilisée par certains pour faciliter, disent-ils, l'apprivoisement de leur oiseau et pour l'empêcher de
décoller et s'envoler donc, dans un but sécuritaire. L'oiseau peut se déplacer d'un point à un autre, si le premier point est surélevé par rapport au deuxième, mais il y a fort à parier que
l’inverse sera impossible à réaliser. L'oiseau ne pourra pas, ou rarement, monter dans les hauteurs, prendre de l’altitude. Certains oiseaux s’y habitueront et se muscleront de façon à pouvoir
finalement décoller, malgré la coupe et enfin pouvoir s'échapper.
La taille des plumes va à l'encontre même de la nature de l'oiseau. Il ne s’agit pas uniquement de lui couper 5 à 6 (rémiges) plumes par ailes, l’empêchant ainsi de s'échapper en le conditionnant
à une vie de captivité. C'est dénaturer l'oiseau, c’est une atteinte à son intégrité non seulement physique, mais psychologique, c’est l’amputer de sa caractéristique physique première et
essentielle, le vol. C’est nier ce qui fait de cet animal, un oiseau !
Le vol, chez nos perruches et perroquets, a un intérêt tant physique que psychologique. La morphologie des oiseaux est adaptée à leur habitat et à leur mode de vie. De l'étude des ailes, il
est facile de déduire, par exemple, si l'oiseau peut voler ou non. S'il est migrateur, ses ailes présentent une extrémité plutôt effilée, comme chez les psittaciformes. Des ailes, aux extrémités
plus arrondies, témoignent d'un caractère plus sédentaire. Notez comme les ailes des perruches ondulées sont fines, longues et effilées lui permettant de parcourir, dans son milieu naturel, des
centaines de kilomètres par jour à la recherche de nourriture et d'eau.
L'oiseau a de grands besoins physiologiques de voler; il en va de même pour les oiseaux en captivité. Certes, ils n'ont pas connu des hectares de champs à survoler chaque jour, mais ils ont des
besoins instinctifs et physiologiques de voler chaque jour. Le vol sera plus restreint en territoire parcouru et en durée, mais la possibilité de voler doit être offerte à nos perruches et
perroquets. Entre leur parc et leur cage, vous verrez qu'ils voleront à cœur joie, à se chamailler, à crier d'excitation, à se poursuivre, faisant des allers-retours incessants et d’enivrantes
courses poursuites.
Regardez l'important nombre de perroquets captifs touchés par un foie trop gras, de nos jours. Ils sont en surpoids et développent des fragilités physionomiques de par leur manque d'activité
physique. L'obésité de nos oiseaux est un réel problème qui engendre bien souvent des souffrances et parfois la mort. L'obésité (couches de graisse sur le poitrail et partout) et le foie gras
favorisent les troubles cardio-vasculaires, affaiblissent les défenses immunitaires et réduisent l'espérance de vie.
La coupe des plumes des ailes diminue considérablement la qualité de vol et les empêche de voler sur de longues distances et d’effectuer de nombreux vols quotidiens : l’oiseau en est réduit à
quelques battements d'ailes…
Votre perruche ou perroquet sera en danger face aux menaces de votre habitat : chien, chat, feu (plaques chauffantes, cheminée, chauffage), produits toxiques et eau de vaisselle (s'il tombe
dedans), risques de se cogner et de se blesser lors d'une mauvaise chute... ils sont amputés d'une fonction qui leur est essentielle.
Nos perruches et perroquets ont également un besoin psychologique de voler. Être une proie, les garde en éveil et à l’affût du moindre mouvement, événement ou nouveauté dans leur environnement.
Ils sont constamment sur le qui-vive, regardent d'un oeil le danger et regardent de l'autre vers la porte de sortie. Leur premier réflexe sera de voler instinctivement en hauteur, là où ils
seront rassurés, en sécurité, grâce à leur capacité de vol et d'avoir pu se positionner en hauteur. La coupe des plumes des ailes les empêche donc de fuir convenablement le danger.
Bien souvent, suite à une frayeur, ils paniquent et se cognent et, s'ils arrivent à voler, vont se percher à un endroit inaccessible. La coupe des plumes entraînera un déséquilibre, l’oiseau se
sent peu sûr, est effrayé et impuissant, puisque privé de sa capacité de vol.
De plus, il faut savoir qu'une perruche ou un perroquet aux plumes des ailes coupées va tout de même tenter de voler, par instinct. Il va donc lamentablement s'écraser, ayant toutes les chances
de se fissurer, s'abîmer ou se casser le bréchet (bec, mandibule supérieure ou inférieure, aile). Il peut également se blesser les pattes en tombant, même se les fracturer. Va s’ajouter au risque
de blessure, le risque de ne pas voir que son oiseau est au sol et l’écraser.
Vous avez un chien, un chat, tout animal prédateur? Vous avez toutes les chances qu’il fonce sur la proie au sol et votre oiseau n’a aucun moyen de se sauver, sachant que vous lui avez retiré sa
seule protection, l’envol. C’est arrivé à bon nombre de passionnés, la mort par accident, écrasement ou par un de ses chiens ou chats. On n’est pas à l’abri de manquer un jour, une seconde,
d’attention envers notre oiseau qui s’écrase au sol et se blesse ou se fait tuer.
Enfin, une perruche ou un perroquet aux plumes des ailes coupées criera beaucoup plus fort et plus souvent, renforçant ainsi le contact physique et auditif, le vol ne lui permettant pas de se
rendre là où il veut, comme il le veut, ou encore de se sauver quand et là où il le veut. Lui tailler les plumes des ailes, c’est volontairement lui enlever tout moyen de protection par
lui-même. Vous serez également son « taxi », son seul moyen de transport d’un point A à un point B. Vous serez constamment appelé pour aider votre perruche à se déplacer, ironique,
non?
En résumé, votre perruche a besoin de ses ailes complètes tant pour s'épanouir, que pour se protéger : intimider les prédateurs ou les congénères trop entreprenants, s'enfuir face au danger, se
sécher plus rapidement, s'amuser, voler en groupe, explorer son environnement, se déplacer, tout simplement.
Afin de répondre à ces besoins essentiels tant physiques que psychologiques, nous déconseillons fortement la taille des plumes des ailes. Un bon nombre de professionnels de la psychologie et
l'éthologie du perroquet a développé des techniques d'apprivoisement plus saines et éthiques.
Quant à la sécurité, c'est à nous humains de nous adapter à l'environnement de l'oiseau et aux dangers potentiels qu'il rencontrera. Nous devons rendre sécuritaire son environnement et voir à ce
qu’il ne s’échappe pas et ce n’est pas lui couper les ailes, qui est la solution!
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