La reproduction chez les perroquets répond à un impératif biologique et instinctif. A l'état naturel, quand les perroquets accèdent à un territoire riche en végétaux, où l'eau et la nourriture
sont abondantes, ils peuvent se consacrer à la reproduction afin de préserver leur groupe social et surtout leur espèce.
Cependant, les conditions environnementales et éthiques ne sont pas les mêmes en captivité, ainsi que les contraintes liées à celle-ci. Les oiseaux captifs parviennent facilement aux aliments, à
une source d'eau et ils ne sont pas confrontés aux prédateurs ou ne doivent pas lutter contre les conditions météorologiques. Ils sont donc psychologiquement et physiquement bien plus disponibles
pour la reproduction.
Les naissances c'est tellement beau. Il est donc courant, chez les propriétaires, de penser à faire se reproduire leurs oiseaux, parfois même rapidement dès leur arrivée. Certains propriétaires
posent le nid dès le que leurs oiseaux sont à peine installés à la maison. Mais, la reproduction est-elle une priorité ? N'y a-t-il pas d'autres paramètres à
prendre en compte avant d'envisager la reproduction ? Nous allons aborder cinq conditions auxquelles il faut réfléchir et remplir avant de penser à poser un nid.
1. L'acclimatation
Quand vos oiseaux arrivent chez vous, ils découvrent un nouvel environnement, ils ont une nouvelle cage (volière ou pièce), de nouveaux accessoires, de nouveaux jouets, peut-être de nouveaux
congénères et plus généralement de nouveaux stimuli sensoriels. Il y a les bruits ambiants inédits (de la pièce où ils sont installés ou du jardin où ils séjournent) , des visages inconnus (le
propriétaire et sa famille) et des nouvelles interactions. Ils ont besoin d'un temps d'adaptation pour s'acclimater à ce nouvel environnement et s'y sentir en sécurité. Pour toutes ces raisons,
la priorité n'est pas à la reproduction. Le nid étant un outil pour la reproduction et non un jouet, il devra être absent de l'environnement.
2. Le groupe social
Pour pleinement s'épanouir, les perroquets ont besoin de congénères, de préférence de leur espèce, dans leur quotidien. Ils créent de véritables relations de couple et d'amitié avec leurs
congénères et ont leurs préférences. Les perroquets se conforment aux codes de communication propres à leur espèce, ce qui permet la cohésion du groupe social qu'ils forment. Ces relations
sociales et affectives s'établissent progressivement dans le temps. La présence d'un nid dans les premiers mois n'est donc pas cohérente avec les besoins et priorités des oiseaux nouvellement
arrivés (surtout chez les espèces ne dormant pas dans le nid à l'année).
3. Combler les besoins
Vos oiseaux ont avant tout besoin, en plus des congénères, d'un cadre de vie adapté à leurs besoins. Ils doivent pouvoir bénéficier d'une cage, d'une volière ou d'une pièce de vie suffisamment
spacieuse et adaptée à l'espèce. Ce qui signifie pour les oiseaux en cage au moins un mètre carré pour un couple de Perruches ondulées, ou deux mètres carré pour un couple de conures. Sans
compter les sorties quotidiennes de plusieurs heures sur leur aire de jeux afin de leur permettre d'explorer et de se divertir dans un espace encore plus grand. Pour les oiseaux en volière
extérieure, il faudra que celle-ci soit spacieuse et riche en jouets et matériaux destructibles. Enfin, l'alimentation devra être complète et variée, afin de combler leurs besoins nutritifs,
exploratoires et de recherche.
Si déjà vous ne répondez pas à ces besoins essentiels et primaires, inutile d'envisager la reproduction. Cela ne serait pas respecter la nécessité de vos oiseaux à acquérir un environnement
répondant à leurs besoins. Il n'est pas toujours facile d'offrir un cadre de vie adapté de par notre situation financière, le manque de disponibilité ou d'espace dans notre habitat. Auquel cas,
prenez le temps d'améliorer progressivement leur environnement, si besoin est à travers des astuces économes (fabriquer soi-même le parc et les jouets) ou rapides (acheter des packs de jouets et
un parc en kit) qui permettent à vos oiseaux de s'épanouir.
4. Enrichissement de l'environnement
Si vos oiseaux ne bénéficient pas d'un cadre de vie répondant à leurs besoins et optimisé pour leur bien-être, la reproduction est précipitée parce que ce n'est pas la priorité actuelle, encore
une fois. Vos oiseaux ne doivent pas subir la monotonie du quotidien en captivité et ne doivent pas pouvoir s'ennuyer, d'où la nécessité d'enrichir leur cadre de vie en jeux d'exploration et
destructibles. Pour cela, consultez nos articles :
5. L'avenir des oisillons : point de vue éthique
La reproduction en captivité pose un problème moral. A l'état sauvage, l'espace est vaste (des milliers d'hectares) et les populations sont régulées par la prédation, par les conditions
météorologiques ou par l'absence de nourriture. Le problème de surpopulation ne se pose pas, et s'il se posait il serait naturellement régulé.
En captivité, l'espace octroyé à nos oiseaux est limité, et les dangers contrôlés : il n'y a pas de prédateurs, le climat n'est plus problématique parce que nous adaptons les installations
et nos oiseaux ne manquent jamais de ressources. Ils sont donc plus enclins à se reproduire.
Cependant, nous sommes rapidement confrontés à un risque de surpopulation. Déjà que nos foyers ne sont pas adaptés aux besoins d'espace et de richesse dans l'environnement de nos oiseaux, si en
plus nous acquerrons trop d'individus, le cadre de vie deviendrait rapidement anxiogène et maltraitant pour les oiseaux y habitant. Alors, quand il y a des naissances, notre solution est de
replacer les oisillons, mais ou trouver des familles qui répondront aux besoins de vos oiseaux ? Comment s'assurer qu'ils leur offriront un environnement adapté et enrichi où ils pourront
voler librement et explorer ? Vous avez la responsabilité de vous assurer que le foyer qui accueillera un de vos oiseaux sera disposé à faire le nécessaire pour son bien-être. Ce foyer devra
tout comme nous offrir un cadre de vie optimal, et il n'est pas aisé de trouver ce genre de familles.
De plus, les associations regorgent d'oiseaux à l'adoption, tout comme les particuliers ou les éleveurs amateurs/pro qui les revendent.
C'est parce que les propriétaires de chiens et de chats sont confrontés à la problématique de surpopulation et de saturation du marché qu'ils stérilisent leurs animaux et n'envisagent jamais la
reproduction. Tout comme nos appartements et maisons ne peuvent en général répondre aux besoins de la progéniture d'une chienne ou d'une chatte, ils ne peuvent pas non plus accueillir
éternellement les oisillons. Nous avons tous des contraintes d'espace, de temps et de finances. Et la reproduction n'est pas une solution.
Pour nos oiseaux de compagnie, perruches ondulées, inséparables, touis, conures, calopsittes, et autres petites et moyennes espèces courantes en captivité, ces espèces n'étant pas en danger, il
n'y a aucune nécessité de reproduction.
Il ne viendrait pas à l'esprit de faire reproduire notre Fido adopté à la SPA de la ville, ou nos chats stérilisés et à qui on a installé des parcs de jeux dans notre salon. Il en va de même pour
nos oiseaux. Nous devrions les adopter auprès d'une association ou d'un ancien propriétaire bienveillant, leur apporter ce dont ils ont besoin pour s'épanouir et ne jamais envisager de
reproduction. De nos chiens et chats à nos oiseaux de compagnie - même situation, mêmes contraintes - il faut opter pour les mêmes comportements de l'ordre du bon sens.
Conclusion
Avec nos oiseaux en captivité, nous sommes confrontés à des contraintes quant à la reproduction et ses conséquences. Comme nous l'avons vu, nous sommes concernés par l'avenir de leur progéniture
et leur épanouissement. Nos maisons et appartements ne permettent pas de laisser libre cour aux instincts reproducteurs de nos oiseaux.
C'est pourquoi il est important pour les personnes qui adoptent des oiseaux, en tant qu'animal de compagnie, de contrôler les naissances. Pour ne pas frustrer ou inhiber les besoins instinctifs
et naturels de nos oiseaux, nous devons leur offrir, s'ils le désirent (si leurs comportements trahissent un besoin de reproduction), la possibilité de s'appareiller, d'avoir une période de
reproduction, avec accouplements, parades, régurgitations, recherche d'un nid, préparations et couvaison. Cela répond à leurs besoins et permet lors de la couvaison, la diminution des hormones
sexuelles, ce qui laisse place à la prolactine, qui inhibe les comportements reproducteurs. Puis, dès la ponte, alors que les œufs ne sont pas encore incubés (il n'y a aucun développement
embryonnaire), nous les retirons pour en mettre des factices (ou les remettre bouillis, refroidis, au nid). La couvaison est un simulacre, qui cependant répond aux paramètres biologiques et aux
comportements instinctifs hormonaux de nos oiseaux. Enfin, nous retirons le tout (nid et œufs) et nous mettons en place des nouveaux jouets, de nouveaux matériaux à détruire pour les divertir et
nous enrichissons l'environnement afin de combler leurs besoins exploratoires. Les oiseaux peuvent ainsi répondre à leurs différents besoins sans être frustrés et nous évitons à des futurs
oiseaux d'être malheureux ou maltraités.
© Marine Scié, mars 2014.